Attention : On parle ici de deuil périnatal, mort fœtale, de fausses couches, interruption médicale de grossesse et interruption volontaire de grossesse. Tous ces termes renommés : arrêts de grossesse, arrêts précoces, arrêts tardifs, arrêts naturels et arrêts déclenchés. Les mots sont importants, ne sous-estimez pas leurs impacts 😉
Si ces mots, thèmes vous sont douloureux, ou difficiles : préservez vous et aimez-vous.
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Récemment, une jeune maman m’a posé une question : est ce que le vécu d’un arrêt de grossesse précoce passe mieux que un arrêt qui surviendrait plus tard dans la grossesse.
Je repose juste le contexte : cette maman a subi une interruption médicale de grossesse (IMG) à 8 mois de grossesse. Aujourd’hui maman d’une petite fille, elle se demandait si son coeur serait prêt à encaisser une nouvelle perte, et si un arrêt précoce était moins douloureux. On parle bien entendu de peur, d’angoisses liées à un éventuel arrêt de grossesse. Il n’y a là aucun jugement. D’ailleurs je dis souvent qu’il n’y a pas de hiérarchie dans les arrêts de grossesse, et que cela dépend de beaucoup de paramètres. Mais je vais y revenir.
Je pose ici mon histoire de manière très brève : j’ai eu 9 tests de grossesse positifs. Sur ces 9 grossesses, il y a eu 3 enfants vivants, 1 MFIU (mort foetale in utero, à 7 mois), 2 arrêts de grossesse à 9/10 SA et 3 IVG. Cette historique de mon utérus n’est pas dans l’ordre chronologique je précise. Et si je précise les date de terme, c’est dans l’unique but d’avoir une lecture plus précise de mon histoire.
Je ne pense pas avoir la réponse universelle à la question de savoir si c’est pire ou pas.
Mais j’ai 2 petites choses : mon expérience personnelle et certaines connaissances sur le deuil périnatal. Mon histoire n’engage que moi bien entendu, ma vision des choses aujourd’hui, 10 ans après mon vécu de MFIU.
Selon mon expérience personnelle :
Aujourd’hui, ce que je peux dire c’est que je ne considère pas qu’il y ait de pire ou moins pire. Oui, le lien que j’avais avec ce premier bébé décédé à 7 mois de grossesse était sans doute plus fort que ceux tissés jusqu’à 2 mois.
Le vécu d’accouchement est aussi différent. Accoucher d’un bébé décédé a laissé plus de souvenirs dans mon coeur et mon corps.
Cependant, je me rappelle toujours des accouchements des oeufs de mes arrêtes précoces, ainsi que des IVG. Parce que quelque part, ce sont des mini accouchements. Lors de mon premier arrêt précoce, j’ai été beaucoup moins chamboulé que lors du 2de et que pour les IVG. J’étais surement dans d’autres croyances ou du moins je n’avais pas les connaissances et croyances que j’ai aujourd’hui.
La différence la plus grande que je note, c’est que je pense avoir cheminer plus vite sur les arrêts précoces que sur la MFIU. Et la MFIU m’a permise aussi de m’informer sur le sujet du deuil périnatal, et des arrêts précoces. Ce qui m’a beaucoup aidé (je parle en terme de rituel par exemple).
L’autre grande différence aussi c’est celle du manque. Mais je tiens à nuancer. Quand on accouche, mais qu’on repart sans bébé, le manque vicérale est très difficile à supporter. Ce manque je l’ai ressenti aussi lors des arrêts précoces,, mais moins longtemps. Mon corps s’est finalement remis rapidement en mode « plus enceinte ». Ma tête a pris plus de temps.
Donc je ne pense pas que ce soit pire ou moins pire. C’est simplement très différent. De part mon histoire, de part mon vécu, de part ce que j’ai mis ou pas en place à ces moments.
Pour le petit point connaissance, je vous invite à approfondir le sujet en lisant Christophe Fauré. C’est un psychologue et psychiatre spécialiste du deuil et de la fin de vie. Il explique plein de trucs sur le deuil en général, mais ce qui m’intéresse de vous partager ici c’est ceci : l’intensité du deuil dépend de l’intensité du lien que l’on a établi avec l’être décédé. Ainsi, on peut être à peine triste du décès de sa tante, mais être désemparé par le décès d’un ami. L’intensité du deuil ne dépend pas de la durée qu’on a passé avec un être, mais bien du lien que l’on a crée avec lui. Ainsi, un arrêt précoce peut être d’une très très grande intensité, indépendamment des quelques semaines de vie communes.
Je ne pense pas qu’un arrêt de grossesse à 8mois soit pire qu’à 2. Je pense que le vécu est différent selon l’histoire du couple et l’accompagnement qui est fait pendant et après ces évènements.
Et pour finir ce loooong article (bravo si tu es arrivé jusqu’ici), il n’y a jamais à dire à une personne qui vit un arrêt de grossesse : ça va hein, ça aurait pu être pire, imagine une perte à 8 mois ? une mort subite ? un enfant atteint d’un handicap sévère ? OMG tu es bien chanceuse ma petite de perte ce truc qui n’était pas vraiment un bébé maintenant.
Répondez juste ceci : allez brulé en enfer.
Non c’est une blague. respirez profondément, et proposez à ces personnes voulant bien faire de réfléchir à ceci : une personne vient d’être amputé d’une jambe, diriez vous qu’elle est chanceuse, parce que ça aurait pu être les deux jambes ? ou les mains ? Je ne pense pas. On écouterait cette personne, son vécu, ses émotions. On la soutiendrait, on proposerait une écoute, un soutien logistique, un soutien émotionnel.

Lors d’un arrêt de grossesse, précoce ou pas, faites de même : proposer simplement un soutien logistique, une écoute (si vous êtes à l’aise avec ceci), un soin massage, une séance avec un.e thérapeute. Ne chercher pas forcément à parler, soyez simplement là, une épaule, des bras, du chocolat.
Ceci n’est que mon ressenti sur le sujet, teinté de mon histoire.
Si vous êtes en difficultés, que vous vivez un arrêt de grossesse ou que vous connaissiez quelqu’un qui vit cela, n’hésitez à vous informer sur le sujet ou à poser des questions à des professionnel.les formés au deuil.
N’hésitez pas non plus à regarder ce que je propose pour l’accompagnement des grossesses arrêtées (instant pub marketing) : massages corporels, ventre, Slow Rebozo, rituels, rituel Rebozo.
Vous pouvez trouver des infos sur les réseaux, via les associations comme agapa (www.association-agapa.fr), Petite Emilie (https://www.petiteemilie.org/page/1471220-accueil), Souvenange (www.souvenange.fr), et je pense aussi à Aurélie Bianchi, qui propose des supports d’aide au deuil périnatal (livres et oracles) (www.aureliebianchi.com)
Avec Amour.